lundi 14 janvier 2013

Stéphane VERDEIL

L’esprit français est ainsi fait qu’une réussite entrepreneuriale ne manque pas d’étonner. Voire de gêner. Surtout quand elle repose sur l’engagement de quelques téméraires qui ont osé se lancer dans une aventure, se sont donné les moyens de la mener à bien et ont atteint leurs objectifs. Loin d’être encouragées comme devraient l’être ces sociétés qui sont le sel de l’économie, bien des entreprises, surtout petites ou moyennes qui naissent, se développent et s’installent solidement sur leur marché, voient devant elles se dresser des obstacles toujours nouveaux. Des contraintes réglementaires ou législatives de plus en plus lourdes. Des charges sans cesse augmentées. Des suspicions, dénigrements, voire fielleuses rumeurs qui sont hélas leur quotidien quand elles donnent le sentiment d’être allées très (trop ?) vite, très (trop ?) haut. Le métier des courtiers en assurance, qui gagne en France suffisamment de terrain pour que soit ainsi prouvé son utilité pour le marché, n’échappe pas à la règle. J’ai la prétention de prétendre n’être pas mal placé pour en témoigner puisque aujourd’hui l’entreprise que j’ai fondée en 2001 a créé 200 emplois, compte 230 000 clients auxquels elle rembourse 3,6 millions d’euros chaque mois, travaille avec une quinzaine de partenaires dont certains des principaux acteurs du marché, réalise 50 millions de chiffre d’affaires… Un tel bilan en une décennie ne tient ni du miracle ni de la potion magique, mais des pratiques qu’appliquent nombre des PME qui réussissent, malgré les évidentes difficultés de la conjoncture économique générale. D’abord la volonté et peut-être l’audace de quelques aventuriers de l’entreprise qui, comme nous l’avons fait nous-mêmes en 2001, choisissent de consacrer leur patrimoine à la création d’une PME puis d’en assurer la croissance interne ou externe par d’incessants investissements. Ensuite, la capacité de mobiliser des femmes et des hommes, celles et ceux qui, quelles que soient les difficultés, quels que soient les défis, se mobilisent pour assurer la réussite de l’entreprise. Et puis, bien sûr, le choix d’une stratégie pertinente. La notre n’a pas varié depuis 2001 et nos choix d’hier restent ceux d’aujourd’hui : s’installer comme courtier intégrateur, c’est-à-dire fabriquer, distribuer, gérer ; ne jamais dépendre d’un trop gros client, donc fonder une structure de distribution d’assurances aux particuliers, soit en physique soit en virtuel, par l’intermédiaire de professionnels ou de non professionnels ; innover, comme nous l’avons fait par exemple lorsque nous avons installé dans les ateliers Feu Vert des bornes de souscription à disposition pendant la révision de la voiture ; identifier des besoins, y compris de niches, et inventer les produits répondant à leurs besoins, par exemple pour les frontaliers ou les propriétaires de véhicules de collection ; oser des opérations de croissance externe soit très ciblées, comme celle du spécialiste Mascotte Assurances pour les véhicules de collection, soit structurantes comme celle d’une branche de Gras Savoye qui faisait alors trois fois notre taille ; utiliser au maximum les potentiels de l’international en ciblant quelques pays porteurs comme l’Espagne, l’Italie, la Russie, peut-être bientôt la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie ou la Turquie. Ces actions, ces « recettes », n’ont rien de magiques. Heureusement, des milliers d’entrepreneurs pourraient, comme je viens de le faire, illustrer ainsi leur réussite, par la passion qui les anime, par leur énergie, par leur capacité d’innovation, par la qualité de leurs équipes. Je n’ai d’autre légitimité pour me faire leur porte-parole que d’être l’un d’entre eux et de pouvoir présenter un bilan dont je suis en droit d’être fier. Mais, je suis certain de ne pas me tromper si je dis en leur nom à nous : « Nous avançons, nous dynamisons l’emploi et l’économie, alors, envieux de tout poil, détracteurs à courte vue, apprentis sorciers de la réglementation, s’il vous plait, laissez-nous travailler ! ». Interview Stéphane VERDEIL News Assurance Pro.